Le point de dĂ©part essentiel Ă une sĂ©rie photographique est son idĂ©e car sans idĂ©e, pas de sĂ©rie. Ce postulat est très fort car il va en dĂ©couler les diffĂ©rents points suivants que je vous propose d’aborder sans plus attendre.
La série photo permet de penser autrement
L’avantage d’avoir une idĂ©e en tĂŞte c’est justement qu’on y pense ! Il vous est certainement arrivĂ©, comme moi, au moment oĂą on fait un nouvel achat consĂ©quent comme une voiture, qu’une fois que nous l’avons acquise, nous n’arrĂŞtons pas d’en voir des exemplaires similaires un peu partout.
Ici c’est la mĂŞme chose. Etre focalisĂ© sur son idĂ©e mettra en Ă©veil tous vos sens pour atteindre votre but.
Vous allez donc penser et voir autrement que d’habitude. Toutes les choses insignifiantes en rapport Ă votre idĂ©e, que naturellement vous n’auriez pas remarquĂ©, vont vous sauter aux yeux de manière Ă©vidente !
Penser série photo permet de regarder plus en détail son sujet
Se mettre dans un Ă©tat d’esprit tel que dĂ©crit ci-dessus, va donc vous faire dĂ©couvrir tout un ensemble de dĂ©tails auxquels vous n’auriez pas prĂŞtĂ© attention.
Pour illustrer mon propos, prenons l’exemple de la sĂ©rie en fin d’article. Le sujet de celle-ci n’est qu’un pommier au tout dĂ©but de l’apparition de ses bourgeons. L’idĂ©e Ă©tait extrĂŞmement simple puisqu’il s’agissait simplement de dĂ©crire cet arbre en mettant en avant tous les Ă©lĂ©ments le constituant qui ont frappĂ© mon attention. Cet objectif Ă©tait nĂ©anmoins suffisant pour initier une sĂ©rie photographique.
Se concentrer sur son sujet permet de mieux l’explorer
Le but Ă©tant de construire un ensemble de photos cohĂ©rentes entre elles, toujours dans le cadre de mon exemple, il m’a Ă©tĂ© nĂ©cessaire de passer beaucoup plus de temps qu’Ă la normale. D’ailleurs, il y a fort Ă parier que sans l’idĂ©e de faire une sĂ©rie photo, je ne me serai mĂŞme pas intĂ©ressĂ© Ă cet arbre. Mais pour le coup, j’y suis restĂ© au moins une grosse demi-heure Ă tourner autour et Ă l’observer attentivement. Je recherchais le moindre petit dĂ©tail pouvant attirer mon attention.
J’ai donc choisi de commencer Ă faire une vue d’ensemble de mon sujet avant de me rapprocher pour explorer ses plus infimes parties. Pour ĂŞtre honnĂŞte, ce n’est pas cette première photo d’ensemble que j’ai retenue, car celle-ci cadrait uniquement le haut de l’arbre, or je me suis rendu compte au fur et Ă mesure que mon exploration, qu’il y avait des Ă©lĂ©ments intĂ©ressants se trouvant au sol. J’ai donc rĂ©alisĂ© un second cadrage plus complet.
Travailler en sĂ©rie amène donc au fur et Ă mesure de sa rĂ©alisation des besoins de cadrage plus prĂ©cis et complet qu’instinctivement au dĂ©part on ne perçoit pas. Il faut donc prendre son temps pour l’Ă©laborer. De plus, il ne faut pas hĂ©siter Ă reprendre des photos dĂ©jĂ rĂ©alisĂ©es prĂ©cĂ©demment mais en peaufinant les cadrages afin de mieux mettre en Ă©vidence les Ă©lĂ©ments qui nous semblent intĂ©ressants.
Ce constat nous amène naturellement au point suivant.
Une meilleure définition de nos objectifs ouvre la porte vers de nouvelles voies créatives
C’est donc Ă ce moment-lĂ que la force de travailler en sĂ©rie peut grandement nous apporter en termes de crĂ©ativitĂ©. Tous ses fameux dĂ©tails anodins pour le commun des mortels deviennent autant de clĂ©s pour dĂ©velopper notre crĂ©ativitĂ©. Le petit clou Ă tĂŞte plate et rouillĂ© dans le tuteur devient l’espace d’un instant le sujet principal d’une photo destinĂ©e Ă Ă©voquer les moyens mis en oeuvre par le jardinier pour fixer ses ficelles.
Ici encore ce constat permet d’enchaĂ®ner avec l’idĂ©e suivante et non moins la moindre.
Photographier en série permet de donner un sens plus fort aux photos
En effet, chacune de ces photos prises individuellement n’apporte pas un grand intĂ©rĂŞt pour le spectateur.
Par contre, ensemble, elles apportent toute leur valeur ajoutĂ©e de manière cohĂ©rente Ă l’idĂ©e de dĂ©part que je vous rappelle :
DĂ©crire un pommier au tout dĂ©but de l’apparition de ses bourgeons.
Il est donc clair ici que la force du message prime sur l’aspect purement individuel de chacune des photos.
L’ordre des photos est essentiel
Voici le travail supplĂ©mentaire mais absolument nĂ©cessaire aux sĂ©ries photographiques. Il s’agit de bien les organiser dans un ordre bien prĂ©cis.
Pour ma part, voici comment j’ai procĂ©dĂ© :
N° des photos | Commentaires |
 1 et 2 |  Approche vers le sujet depuis la vue d’ensemble jusqu’au cĹ“ur de l’arbuste |
 3, 4, 5 et 6 |  Description des bougeons naissant le long des pousses et un petit clin d’œil autour de cette seule et unique feuille morte restée de la floraison passée |
 7,8 et 9 |  Zoom sur les accessoires apportĂ©s par le jardinier pour travailler arbre et s’assurer de sa bonne pousse. |
 10 et 11 |  Retour au pied de l’arbre avec mise en Ă©vidence de l’arrivĂ©e du printemps avec les quelques herbes vertes et sauvages qui sortent elles aussi des Ă©corces dĂ©posĂ©es au sol (qui font d’ailleurs la transition avec les « accessoires » apportĂ© par l’homme). |
 12, 13, et 14 |  RemontĂ© le long du tronc d’arbre pour cette fois-ci mettre en avant les diffĂ©rentes textures des Ă©corces de celui-ci. |
 15 et 16 |  Pour finir j’ai choisi de mettre en Ă©vidence les organismes vivants en relation avec l’arbre. Ici nous avons le lichen et l’araignĂ©e Ă©voquĂ© par son fil de toile restĂ© en place entre le tuteur et une branche. J’ai notamment choisi cette photo en dernier car elle permet de finir la sĂ©rie sans mĂŞme l’accent sur mon sujet principal ce qui fait office de sortie de la sĂ©rie photo. |
La cohérence visuelle des photos
L’autre aspect important des sĂ©ries de photos est leur cohĂ©rence visuelle. Ici pour cet exemple j’ai fait les choix suivants :
- focal fixe 105 mm macro,
- photo couleur avec la mĂŞme balance des blancs,
- ajout de vignettage pour psychologiquement guider le regard vers les détails,
- lumière naturelle d’une belle journĂ©e de fin d’hiver.
La série photo