Contraste de forme et de couleurs complémentaires

Les contrastes : la clé des photos percutantes

De manière générale pour qu’une image accroche le regard, il est nécessaire qu’elle ait un petit quelque chose qui attire notre attention. Ce petit quelque chose est souvent la représentation un contraste au sens large du terme.

Pourquoi utiliser les contrastes ?

On pourrait dire que le contraste repose sur le principe des 7 erreurs. Naturellement, l’Homme est très adroit pour distinguer les différences dans son environnement car notre cerveau a des capacités innées pour immédiatement les distinguer et ainsi attirer notre attention.

Ici le but est de profiter de ce phénomène comme avantage afin de donner plus de force à nos images tout en transmettant plus efficacement son message.

Origine de cette théorie

Durant les années 1920, une école allemande en design a fortement révolutionné ce domaine. Il s’agit de l’école du Bauhaus. Johannes Itten a particulièrement contribué à cet essor en centrant leur principe de composition sur le simple concept du contraste.

Cette vision totalement nouvelle pour l’époque s’appuyait sur une approche expérimentale des principes du design. Ceci a permis de développer la notoriété de cette école et a ainsi eu une forte influence sur le XXème siècle.

Les contrastes, c’est quoi ?

Evidemment ici on parle de contraste au sens large. Il s’agit donc de l’ensemble des couples formés d’un mot et de son contraire (antonyme). Pour illustrer ce propos, voici une liste d’exemples non exhaustive :


Mot Contraire (antonyme)
Petit Grand
Homme Femme
Ancien Moderne
Bas Haut
Bon Mauvais
Dur Mou
Gros Mince
Blanc Noir
Heureux Triste
Jeune Vieux
Propre Sale
Vrai Faux
Sec Mouillé
Silencieux Bruyant
Sombre Clair
Flou Net
Continu Intermittent
Couleur Couleur complémentaire

En pratique, comment l’utiliser

Pour se rapprocher de la pédagogie de J. Itten, il demandait à ses étudiants de mettre en éveil l’ensemble de leurs sens : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût pour aborder les contrastes suivants les trois phases suivantes :

  1. avoir une approche sensitive, c’est-à-dire se concentrer sur ses propres ressentis,
  2. puis lister l’ensemble des moyens visuels pouvant illustrer ce ressenti,
  3. pour enfin, concrétiser en organisant l’ensemble des informations pour créer l’image.

Je vous propose mon processus suivant :

  1. Observez votre environnement dans le but de comprendre ce qui se passe autour de vous ou voir même ce que vous faites vous-même avec votre environnement. L’important ici est de bien en avoir conscience.
  2. Attachez-vous à la recherche des contrastes qui attirent naturellement votre attention.
  3. Pour chacun d’eux, concentrez-vous sur vous-même afin d’essayer de comprendre quel ressenti ce contraste vous provoque. Est-ce de la surprise, de la joie, de la tristesse, … L’idée est de vous formuler à vous-même le ou les sentiments que vous ressentez à ce moment-là.
  4. Maintenant que vous savez quelle émotion vous souhaitez transmettre. Commencez à réfléchir à comment accentuer ces contrastes. Utilisez enfin les autres techniques classiques de composition pour les renforcer et parfaire votre message.
  5. Composez alors votre image et déclenchez.

Etude de cas personnel

Ces dix derniers jours, j’ai participé à un pèlerinage en Italie à Assise avec tout un groupe de bons amis croyants sur le thème de Saint François. Parmi ce groupe, j’étais le seul non croyant.

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Etant donné cette situation, je n’étais pas vraiment à l’aise. Quelle place allais-je trouver ? Comment allais-je m’occuper pendant tous les moments religieux de ce séjour ? Bref, je me posais beaucoup de questions.

Le matin du troisième jour, était organisé une marche pour rejoindre un lieu de culte. Avant de prendre la route, tout le groupe s’est rassemblé pour faire une prière à Dieu. Evidemment, je suis resté à l’écart.

Contraste de forme et de couleurs complémentaires
Contraste de forme et de couleurs complémentaires

Etape 1

Je m’interrogeais intérieurement à propos des questions évoquées ci-dessus. Naturellement, j’avais en tête cette notion d’élément à l’écart ou indépendant d’un groupe.

Etape 2

C’est à ce moment, que j’ai aperçu ce sac à dos posé sur une étagère du chalet juste à côté de l’emblème du Tau. Cette image a immédiatement attiré mon attention de par le contraste des couleurs entre la teinte bleue du sac et la dominante jaune du bois de pain de la façade du chalet. J’étais face à des couleurs complémentaires.

Etape 3

C’est en regardant cette scène et en approfondissant mon ressenti du moment que j’ai compris plus précisément l’état d’esprit dans lequel j’étais sur le moment.

Inconsciemment, j’avais assimilé la forme du Tau comme le groupe de mes amis croyants. Parallèlement, le sac à dos me renvoyait ma position par rapport à ce groupe.

Le fait que le sac masquait une petite partie du pied du Tau, signifiait pour moi le lien que j’avais avec le groupe.

Manifestement, je ne faisais pas partie de ce groupe du point de vue religieux mais je participais quand même à ce pèlerinage.

J’en ai donc conclu que cette image représentait bien mes sentiments du moment.

Etape 4

J’ai donc commencé à réfléchir à comment cadrer cette scène pour mieux transmettre ce message. A première vue, tout été déjà contenu dans cette photo. Mais en y réfléchissant un peu plus, j’ai pris la décision que cette photo serait cadrée au format carré.

En effet, si je cadrais verticalement, la photo aurait portait un sentiment de domination avec ce Tau au-dessus du sac. Cela aurait insinué que le groupe symbolisé par le Tau ou que la religion ait une forme de domination sur moi représenté par le sac.

Un cadrage à l’horizontale ne me convenait pas non plus. Car, soit je centrais la scène et l’image était inesthétique, soit je décentrais la scène ce qui aurait donner plus de poids au sac ou au Tau.

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La solution était donc, pour bien respecter mon sentiment d’égalité de valeur des deux éléments, de bien choisir un cadrage carré pour sa neutralité.

Je me suis donc placé de face et j’ai déclenché l’appareil pour prendre la photo. Je l’ai directement recadrée en carré au développement du RAW.

Conclusion

J’attire votre attention sur le fait que la clarté des explications a pris un certain temps et s’est aussi affinée après la prise de vue. En réalité, tout n’était pas aussi clair dans ma tête sur le moment. Mais j’avais néanmoins assez d’indices et de justifications pour aboutir aux mêmes décisions.

Il est donc important de laisser mûrir notre réflexion. Pour ce faire, il faut alors prendre la photo en ce disant que peut-être plus tard tout deviendra plus limpide.

Donc ne restez pas bloqué sans jamais déclencher votre appareil. Vous risqueriez de laisser passer beaucoup de bonnes photos. Alors laisser aussi une place à votre instinct et faites-vous confiance.

Juste une petite remarque au passage. Cette photo a été réalisée avec mon smartphone Samsung Galaxy S5. Comme quoi, il n’est pas toujours nécessaire d’avoir beaucoup de matériel pour transmettre un message en photographie.

A vous de jouer

Si vous êtes arrivé jusque-là dans la lecture de mon article, il serait dommage de ne pas pleinement en profiter. La mise en application de son contenu sera votre retour sur investissement du temps que vous venez de passer.

Alors, c’est à vous de mettre en application son contenu lors de votre prochaine sortie photo. Pour commencer facilement, définissez avant de partir sur quel contraste vous allez vous concentrer et dans quel état d’esprit vous partez faire votre sortie. Les 2 premières étapes seront alors plus faciles à réaliser et vous pourrez ainsi passer plus de temps à travailler l’étape 3 qui est la pierre angulaire de ce processus.

Avec un peu d’entrainement, vous intégrerez ce mécanisme qui se réalisera alors de façon plus facile et naturellement.

N’hésitez pas à revenir ici sur cette page pour partager vos retours d’expérience afin que mieux progresser ensemble avec tous les lecteurs.

4 réactions au sujet de « Les contrastes : la clé des photos percutantes »

  1. J’ai beaucoup aimé tes explications concernant les contrastes et surtout l’exemple choisi avec cette photo bien particulière. On comprend bien le contraste. Merci encore de ce partage.

  2. Très sympa tes explications.
    Je vois là une méthode de développement personnel très efficace. Le fait de trouver à l’extérieur des illustration de ce que je suis en train de vivre à l’intérieur me parait très intéressant. La question est de savoir comment peut-on transformer ce sentiment d’isolement (dans ton cas) de façon plus positive. 😉

    1. Salut Chris

      Merci pour ton commentaire. Je suis d’accord avec toi sur le fait que la photographie peut aussi être un moyen pour le développement personnel. Dans ces deux domaines, la bonne prise en compte de ses sentiments ou des ses émotions et important.

      Vincent

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